
Après avoir été diplômée universitaire en histoire de la médecine (2014, mémoire en ligne sur le site) Ornella Salvatore, médecin généraliste, publie en 2017 aux Éditions Ellipses un très intéressant ouvrage sur l’histoire de la médecine générale du XIXe siècle à nos jours.
Le XIXe siècle voit apparaître les spécialités mais elles se sont surtout développées après la deuxième guerre mondiale au dépens de la médecine générale. Depuis 2004 la médecine générale est devenue une spécialité au même titre que les autres.
Ornella Salvatore, avec un style vif et personnel, fait de l’histoire certes mais elle la personnalise à partir de son expérience, c’est une excellente histoire immédiate et ce livre devrait être lu par tous les étudiants en médecine avant de choisir leur spécialité.
Le profane est aussi intéressé car il entrevoit les difficultés à devenir médecin généraliste et il voit aussi le rôle du médecin généraliste actuel, véritable plaque tournante de sa santé.
Épilogue du Livre
Parler de l ’Histoire de la médecine générale revient à évoquer l’histoire d’un paradoxe.
Présente dès le début des temps, et conforme aux préceptes holistiques
d’Hippocrate de Cos, la médecine générale a longtemps été la seule et unique forme d’exercice. Rappelons-le, ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que les spécialités médicales voient le jour officiellement et ce, sous l’impulsion d’omnipraticiens désireux de parfaire leurs connaissances dans des domaines particuliers. En cela, la médecine générale est le berceau des spécialités médicales. C’est ici que se situe le premier paradoxe : imaginez Hippocrate fondant l’École de Cnide ! C’en est quasiment antinomique.
Dans cette course à la spécialisation, la discipline mère de toutes les disciplines a perdu de son attrait et s’est vue reléguée au second plan. Il lui faudra près d’un siècle pour qu’elle soit considérée à son tour comme une spécialité médicale à part entière, faisant d’elle la spécialité la plus jeune de toutes. Preuve en est, la création de la sous-section de médecine générale au CNU en décembre 2014. Second paradoxe.
Aujourd’hui, le médecin généraliste est au cœur de la prise en charge de ses patients. Interlocuteur de premier recours, son rôle est aussi d’assurer le suivi et la coordination des soins des patients. Dans une époque où les réformes vont bon train et dans le but de garantir l’accessibilité de la médecine à tous, la médecine générale est plus que jamais au cœur de l’actualité et son mode d’exercice est en passe de subir de profondes modifications à l’image de l’éventualité de la généralisation du tiers-payant ou encore de l’attrait tout particulier de la médecine de groupe pour les jeunes diplômés.
Vous en savez maintenant un peu plus sur l’Histoire de la discipline médicale la plus ancienne de toutes. Son avenir sera-t-il aussi palpitant que son passé ? Laissons le temps faire son œuvre et observons…
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