
Mémoire DU 2014 d’histoire de la médecine Université Paris Descartes
Conclusion
Passionnée, brillante, persévérante, Marie Curie est la première personne à recevoir deux Prix Nobel et la seule femme. Elle est la première scientifique reconnue par ses pairs, et la première femme à professer en Sorbonne. Elle nomme la radioactivité et en est la pionnière, ouvrant la voie à de nombreuses recherches qui révolutionnent les sciences, posant les bases de ce qui engendre également plus tard un bouleversement de la vie quotidienne (énergie nucléaire, médecine nucléaire…). Aussi refuse-t-elle, en total accord avec la pensée de Pierre, de breveter ses découvertes (dont la méthode de production du radium), ce qui aurait pu les délivrer de problèmes chroniques d’argent, particulièrement au début de leur carrière. En effet, cette position aurait été contraire à leurs principes et leur attitude désintéressée, car cela aurait considérablement ralenti les premières recherches, notamment médicales avec les premiers protocoles de « radium-thérapie ».
Par son émancipation et sa formidable carrière, par son engagement pendant la guerre, elle devient l’icône des féministes, même si l’on ne peut probablement pas dire qu’elle en fut une elle-même. Car si elle était fière de sa réussite et de son ascension au sein du monde scientifique, elle se heurte, dans cette société assez conservatrice, à une élite scientifique et politique encore très dominée par les hommes, se montrant, notamment avant-guerre, parfois misogyne et même quelquefois xénophobe face à cette étrangère (même si toutefois beaucoup d’autres respectaient son génie). La parfaite illustration étant bien sûr cette dure année 1911 marquée par le refus de l’Académie des Sciences puis l’affaire Langevin. De même, elle n’est pas décorée après la Guerre malgré son action décisive ayant contribué à la survie de milliers de blessés …
Toutefois, l’Académie de Médecine a su lui faire honneur en lui proposant en 1922 de rejoindre ses rangs, pour son action essentielle dans l’essor d’une certaine révolution médicale (radiodiagnostic et lutte contre le cancer), via son rôle dans la genèse de la radiothérapie et surtout de la curiethérapie, mais aussi bien sûr pour l’organisation et le développement exponentiel du Service Radiologique pendant la guerre. L’Académie lui rend également un brillant hommage suite à son décès (Annexe 19).
Mais le plus bel hommage est probablement celui de « la Patrie Reconnaissante » quand, en même temps que Pierre, ses cendres sont transférées en avril 1995 au Panthéon selon la volonté du Président François Mitterrand (pour l’anecdote, dans un cercueil plombé de peur des radiations), sous les yeux de sa fille Eve, alors âgée de 90 ans, et du Président polonais Lech Walesa. Marie Curie devient alors la première femme à figurer, pour ses propres mérites, parmi les « Grands Hommes ».
« Notre société, où règne un désir âpre de luxe et de richesse, ne comprend pas la valeur de la science. Elle ne réalise pas que celle-ci fait partie de son patrimoine moral le plus précieux, elle ne se rend pas non plus suffisamment compte que la science est à la base de tous les progrès qui allègent la vie humaine et en diminuent la souffrance. » Marie Curie, Pierre Curie (Payot, 1924).
« Madame Curie, est de tous les êtres célèbres, le seul que la gloire n’ait pas corrompu. » Albert Einstein.