Éditorial | Claude Harel | 4 |
Le billet d’humeur : Et si l’histoire de la médecine s’emballait vraiment ? |
Pr Jean Noël Fabiani | 5 |
La Peste noire de 1348 dans les écrits des médecins de l’époque | Yves Claude Blanchon | 7 |
Dans les boyaux de Diên Biên Phu | Ludivine Gan | 11 |
Regard médical sur l’excision dans l’Histoire | Aliénor De Bue | 18 |
Jacques Bosviel et les préjugés populaires en otologie au début du XX » siècle | Pr Albert Mudry | 22 |
Quelques lectures conseillées | 25 | |
La chirurgie de guerre au Moyen Âge dans l’Occident latin | Dr Robin Baudouin, Pr René Jancovici | 31 |
André Vésale et le livre d’anatomie | Jacqueline Vons | 33 |
Les enseignements en histoire de la Médecine à l’Université de Paris Descartes | 39 |

Notre couverture
« Avant l’opération », dit aussi « Le docteur Péan enseignant à l’hôpital Saint-Louis sa découverte du pincement des vaisseaux », du peintre Henri Gervex (1852-1929).
Cette huile sur toile date de 1887. D’une hauteur de 242 cm sur 188 cm de large, ce grand tableau est actuellement exposé au Musée d’Orsay à Paris.
De son véritable nom « Avant l’opération », la toile est présentée au Salon de la Société des artistes français de 1887 ; ce tableau fut souvent considéré comme une transposition moderne de la Leçon d’anatomie de Rembrandt. A côté de ce corps de femme, on y voit le célèbre chirurgien Péan ; il est entouré de ses amis : Mathieu, un fabriquant d’instruments chirurgicaux ; le docteur Brochin, rédacteur en chef de La Gazette des
hôpitaux ; trois de ses élèves : Collin, Aubeau, Larrivé et l’anesthésiste Zacharian qui vient d’endormir la patiente au chloroforme ; enfin, derrière, presque cachée, une soeur hospitalière.
Henri Gervex est un peintre qui côtoie l’élite sociale parisienne et qui sait la préserver sous ses meilleurs auspices ; c’est bien en raison de cela, et moins pour son talent de portraitiste, qu’il est sollicité par Péan.
En ce qui concerne ce dernier, et bien au-delà de cette mise en scène picturale, laissons Léon Daudet plonger sa plume vitriolée dans la fistule de l’image construite de ce chirurgien : « ..Je n’ai jamais vu, pour ma part, un tel amas de tronc, de morceaux et de moignons, un pareil hachis de viande humaine. Cela, vu l’imperfection du sommeil chloroformique, au milieu de soupirs, de sanglots, de hurlements de douleurs, de cris pareils à des sifflets de locomotives et de steamers, du bruit des corps mous chus à terre en se contorsionnant. Ce jeu achevé, Péan lavait à grande eau ses abattis, se curait les ongles, se mouchait dans un bruit de tonnerre, bouchonnait les taches écarlates de son plastron, de son gilet, de son pantalon, et s’en allait à grandes enjambées, avec une mine de carnassier satisfait. Il avait accompli sa fonction ici-bas, qui était de trancher, d’ouvrir, de réséquer, de désosser et d’éventrer. « Je le tailladai. Dieu le guarit... »
La vérité est qu’on ne « guarissait » pas beaucoup chez ce terrible coupe-toujours... »’.
Pour autant, et malgré ce costume taillé au corps par Léon Daudet, Péan a du succès et ce à tel point qu’il devient le plus riche des chirurgiens parisiens.
• Claude Harel