Mémoire DU 2019 d’histoire de la médecine de l’Université René Descartes
Introduction
par Anaëlle Heim
L’électroconvulsivothérapie (ECT) est utilisée dans le traitement des maladies mentales depuis presque quatre-vingts ans. En revanche, son histoire en tant que thérapie somatique bénéfique et puissante en psychiatrie est relativement méconnue. Elle fait également l’objet de nombreux fantasmes aussi bien négatifs que diabolisants.
Son action passe en grande partie par l’induction une crise convulsive généralisée.
Cette crise entraîne des remaniements neurochimiques synaptiques cérébraux, principalement à l’origine de l’effet thérapeutique.
L’efficacité remarquable de l’ECT dans la dépression sévère et sa relative innocuité devraient dans un bon nombre de cas la placer en tant que traitement de première intention, cependant elle n’est encore utilisée qu’en dernier recours et souvent trop tard. Comment est-il possible qu’un traitement médical aussi fiable, sûr et efficace soit aussi peu utilisé et subisse autant de critiques encore aujourd’hui ?
Edward Shorter et David Healy, dans leur œuvre Shock therapy publiée en 2007, caractérisent l’ECT comme « la pénicilline de la psychiatrie » en raison de la valeur indispensable qu’elle pourrait avoir dans l’amélioration de patients non-répondants aux médicaments contre la dépression. Pourquoi n’est-elle pas considérée comme telle dans la société actuelle, aussi bien chez les psychiatres que chez les patients et leur famille ?
L’étude historique de sa découverte, de son perfectionnement, du contexte sociétal et idéologique, et des évolutions de la psychiatrie permettent de mieux comprendre ce paradoxe.